Proposer des solutions d’approvisionnement aux acteurs de l’aide alimentaire : un nouveau défi pour Hugo Giraud !

20 juin 2023 | L'actu de Capée, Le Blog

Comment répondre aux besoins croissants des acteurs de l’aide alimentaire en approvisionnements ? Comment diversifier les denrées proposées ? Comment allier qualité et budget « serré » ? Pour Hugo Giraud, chargé de projet sur la mission Alimentation solidaire à Capée, l’enjeu est de taille et l’une des réponses se trouve dans la mutualisation d’achats et la force du réseau !

Un contexte difficile pour les acteurs de l’aide alimentaire

Sur les territoires de Grand Poitiers, des Vallées du Clain et du Haut Poitou (zone du Plan Alimentaire Territorial), plus de 50 acteurs de l’aide alimentaire ont été recensés. Parmi eux, des épiceries sociales et solidaires, des Centres communaux d’Action Sociale, des restaurants sociaux, des associations locales ou encore des réseaux nationaux, qui œuvrent au quotidien pour aider plus de 21 000 bénéficiaires.

Les acteurs de l’aide alimentaire font face à une situation tendue. En cause : la crise énergétique, la hausse des prix de l’alimentation, la baisse des approvisionnements… Et des bénéficiaires de plus en plus nombreux et touchés par la précarité : « Avec l’inflation, les structures voient de nouveaux profils de bénéficiaires… Des personnes qui ne viennent plus seulement pour du « dépannage », mais pour faire le plein de courses », explique Hugo Giraud, chargé de soutien logistique et développement des approvisionnements à Capée. « La plupart des associations de l’aide alimentaire sont affiliées à la Banque Alimentaire. Malheureusement, les stocks diminuent de plus en plus. Il y a moins de produits disponibles lors des ramasses dans les grandes et moyennes surfaces, notamment depuis la mise en application de la loi relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire », ajoute-t-il.

Si cette loi est une avancée considérable en termes de gestion et de revalorisation des produits consommables, elle revêt néanmoins un aspect « négatif » sur l’aide alimentaire. En effet, avec le développement des rayons et paniers « antigaspi » dans les supermarchés, une part importante des denrées qui partaient aux acteurs de l’aide alimentaire sont désormais vendues en promotion.

« Les stocks de nourriture baissent, des produits manquent à l’appel… L’approvisionnement, c’est vraiment le « nerf de la guerre » pour les acteurs de l’aide alimentaire. Il est essentiel de trouver d’autres pistes, d’autres solutions, et c’est ce que j’essaie de faire ! ».

Au niveau de la coordination du réseau, les acteurs de l’aide alimentaire réfléchissent à des alternatives au système d’aide alimentaire, actuellement basé sur la disponibilité des produits mis au rebut par les grandes surfaces. Leur souhait serait de tendre vers une politique alimentaire globale, construite à partir des besoins de la population. 

Une mission au service des adhérents

Capée, à travers la mission Alimentation Solidaire, apporte une réponse aux besoins des acteurs de l’aide alimentaire, en leur proposant un soutien logistique et un service d’achats mutualisés. Aujourd’hui, ce sont 12 adhérents qui en bénéficient.

« Notre avantage c’est qu’on négocie directement auprès des producteurs et des fournisseurs. En limitant le nombre d’intermédiaire, on arrive à avoir des prix intéressants sur les produits alimentaires (secs et frais), d’hygiène et d’entretien. Je suis toujours en recherche de nouveaux fournisseurs afin de développer nos sources d’approvisionnements et pouvoir proposer toujours plus de produits aux adhérents, à petits prix. Sur certains articles, on peut aller jusqu’à – 70 % du prix du marché », indique Hugo.

En plus du service d’achats mutualisés, Capée met également à disposition des acteurs de l’aide alimentaire un stock de produits de première nécessité, achetés et revendus au prix d’achat, en opération blanche : « On a un site Internet qui permet aux adhérents de passer des commandes en click and collect, 24h/24, 7j/7. L’adhérent sélectionne ce qu’il souhaite acheter, on valide, on prépare la commande et il peut venir la récupérer sur Poitiers ou se faire livrer directement dans sa structure. »

Deux entrepôts permettent de stocker la marchandise : l’un à Chilvert, dans les locaux de l’Entreprise à But d’Emploi PAPIOLE, et l’autre, sur la zone de Poitiers sud, mis à disposition par le Secours Populaire français.

Les produits proposés par Capée ont été identifiés par les acteurs de l’aide alimentaire, grâce à une enquête réalisée par Clémence Pont, qui s’occupe quant à elle de la coordination territoriale.

« Avoir un stock permet de dépanner rapidement les acteurs de l’aide alimentaire. Il y a une meilleure réactivité… Et aujourd’hui, ce système marche vraiment bien » ajoute-t-il.

Pour répondre aux sollicitations des acteurs de l’aide alimentaire, le jeune salarié peut compter sur le soutien précieux de l’Entreprise à But d’Emploi PAPIOLE : « Aujourd’hui, j’ai la chance de travailler avec cette structure qui m’aide sur tout le volet logistique : réception de la marchandise, préparation des commandes, livraisons… Selon les besoins, on peut être 2 ou 10 personnes à travailler. Les salariés sont hyper disponibles, ponctuels, flexibles… C’est très appréciable et ça m’aide énormément », confie Hugo.

Approvisionner en produits frais : un vrai défi

Les produits les plus demandés par les acteurs de l’aide alimentaire sont aussi les plus difficiles à trouver : fruits, légumes, viande, yaourts… « Il y a une réelle demande et une grande attente sur ces denrées, dont le prix est assez élevé. » 

Malgré les difficultés à s’approvisionner en produits frais, en 2022, 17 tonnes de fruits et légumes ont pu être achetées via Capée et redistribuées aux adhérents. Et ce n’est qu’un début à en croire Hugo Giraud : « On y va par étape. L’objectif est de doubler ces chiffres cette année… Selon mes estimations, on peut aller jusqu’à 5 tonnes par mois en légumes et fruits. Il faut trouver les producteurs et fournisseurs, négocier les prix et assurer toute la logistique derrière ! Camions frigo, chambre froide, respect des règles sanitaires… c’est beaucoup plus complexe que pour des produits secs, mais on va y arriver. », souligne Hugo.

La pugnacité et la détermination du gestionnaire payent ! Pour preuve, il a récemment conclu plusieurs partenariats avec des producteurs locaux : la SCEA des Serinettes à Civray (86) ; « Le Ressort », l’Entreprise à But d’Emploi de Naintré (86) qui propose des champignons frais, cultivés par des personnes éloignées de l’emploi ; et enfin, une laiterie à Verneuil (37) qui a livré dernièrement 13 tonnes de lait.

Travailler avec des producteurs du territoire a un vrai sens pour le chargé de projet : « J’ai toujours été sensible à l’agriculture raisonnée et au contact humain. Si on peut bosser avec des agriculteurs locaux, c’est génial ! ».

À la manœuvre : un jeune qui se donne à 100 %

À voir Hugo Giraud travailler, on croirait qu’il a exercé cette activité depuis des années… Et pourtant, cela ne fait même pas un an qu’il a intégré Capée et le monde de l’alimentation solidaire !

Ancien acheteur pour un négociant agricole, il gérait des centaines de milliers de tonnes de céréales : « Je viens du secteur privé, je n’avais jamais travaillé dans une association. Marchés internationaux, cours de la bourse, produits indexés… Tout ça je connais ! J’allais très peu sur le terrain et j’étais finalement beaucoup derrière mon ordinateur ».

Aujourd’hui, avec cette nouvelle mission autour de l’aide alimentaire, il retrouve du sens, des valeurs et le contact humain auquel il attache beaucoup d’importance.

Il sait que les acteurs de l’aide alimentaire attendent énormément du service d’approvisionnement proposé par Capée. Du haut de ses 25 ans, le défi à relever ne lui fait pas peur ! « Je prends la chose très à cœur, ça me motive à me dépasser. Je me donne à fond pour la mission et je ne rechigne pas au travail », précise-t-il.

Son intégration dans le réseau de l’aide alimentaire, il la doit en partie à sa binôme Clémence Pont : « À la base je ne connaissais pas l’aide alimentaire. J’ai eu la chance d’être intégré dans les réseaux grâce à Clémence, qui a fait un travail formidable. Je suis allé à la rencontre de tous les adhérents de Capée, en visite, en immersion. Ça m’a permis d’échanger avec les salariés et bénévoles de ces structures… C’est très important d’avoir cette proximité et de maintenir une relation de confiance. »

Dans cette mission aux multiples tâches, où l’adaptabilité et la réactivité sont requises, Hugo Giraud semble s’épanouir : « Je vis au gré des commandes, des appels des fournisseurs… Je ne m’ennuie pas. C’est hyper intéressant. Tout est à créer et ça ne peut que bien se passer », conclut-il.


*L’adhésion à Capée est obligatoire pour bénéficier de notre service d’approvisionnements.

Plus d’informations : Hugo Giraud – 06 87 64 88 87 – alimentation.solidaire@capee.fr

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