Florie Gauthier rejoint l’équipe de Capée !

2 mai 2023 | Le Blog

Florie, tu as un Master en Droit de l’aide et de l’action sociale. As-tu toujours souhaité travailler dans ce domaine ? Quelles ont été tes motivations pour choisir cette spécialité ?

Soutenir et accompagner les personnes en difficultés a toujours été un domaine qui m’attire et sur lequel je suis sensible. Je pense que j’ai toujours eu l’envie de contribuer, à mon échelle, à la réalisation de projets porteurs de sens et dont l’objectif premier est l’Humain !
Mes stages et mes expériences étudiantes m’ont confortée petit à petit dans le choix de cette spécialité. Par la suite, j’ai pu m’intéresser aux problématiques de publics différents (agricole, âgée, en situation complexe, étudiants…), et vivre des aventures professionnelles qui m’ont faite évoluer, grandir et donner un sens à mes envies !

Peux-tu nous en dire un peu plus sur les différentes expériences professionnelles que tu as eues avant d’intégrer Capée ?

J’ai cumulé plusieurs expériences professionnelles enrichissantes avant d’intégrer Capée !
J’ai commencé au sein du service Action Sanitaire et Sociale (ASS) de la MSA POITOU en tant que référente enfance-jeunesse-famille. Cette expérience m’a permise de me sensibiliser davantage aux difficultés rencontrées par les familles issues du monde agricole. J’ai pu coconstruire avec les partenaires du territoire et les travailleurs sociaux de la MSA des projets répondant aux problématiques locales des familles (modes de garde, accès aux activités jeunesses, handicap…) et accompagner des porteurs de projet désirant s’impliquer dans la dynamisation des territoire ruraux en les soutenant auprès de nos administrateurs. Cette dimension politique était nouvelle pour moi mais j’ai beaucoup apprécié pouvoir être soutenue par des acteurs impliqués dans les thématiques que je défendais.
Par la suite, j’ai travaillé au sein du Dispositif d’Appui à la Coordination (DAC) de la Vienne comme pilote stratégique. Je poursuivais différentes missions qui avaient pour but d’accompagner au mieux les personnes en situation dites « complexes » en Vienne. L’idée était de développer des axes de travail et des réflexions autour de la lutte contre le renoncement aux soins et les ruptures dans leurs parcours de vie et de santé. À titre d’exemple, j’ai participé à l’échelle régionale à la création d’un annuaire de ressources permettant de référencer, sur chaque département, l’ensemble des professionnels pouvant intervenir dans la simplification de ces parcours.
Ma dernière expérience professionnelle avant d’arriver à Capée s’est faite de nouveau au sein du groupe MSA POITOU où j’intervenais en tant que coordinatrice du RéTS Poitou (qui est un réseau de sentinelles créé par la MSA Poitou pour sensibiliser sur le risque suicidaire et, plus largement, sur le mal-être) et chargée de projets sur diverses thématiques de prévention santé. J’ai pu créer en partenariat avec les acteurs institutionnels, des actions de sensibilisation à la portée du grand public, comme sur la santé mentale et enrichir mes connaissances et compétences sur divers enjeux de santé publique.
Et me voilà aujourd’hui à Capée, après ces différentes aventures. J’en suis ravie !

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué dans ces expériences précédentes ?

Difficile comme question ! Je pense que chaque expérience est marquante et riche sur différents plans : humainement, professionnellement, personnellement.
Si je devais choisir un point en particulier, je citerais l’action de sensibilisation que j’avais organisée avec d’autres partenaires autour de la santé mentale. Nous voulions sensibiliser le grand public sur la thématique du mal-être et, plus spécifiquement, du risque suicidaire au travers d’un débat théâtral. L’émotion et les échanges qui en ont découlé entre participants et professionnels ont été forts. C’est au travers de ce genre de retombées que l’on peut mesurer l’impact de nos actions et l’importance d’être sensibilisé sur ces sujets, qui sont pour certains encore tabous malheureusement.

Aujourd’hui tu es donc chargée de projet sur la mission santé emploi à Capée. Quel est ton rôle et quelles seront tes futures activités ?

La mission santé-emploi poursuit plusieurs grands objectifs :

  • Lutter contre les inégalités de santé et le renoncement aux soins des salariés en parcours présents dans les SIAE,
  • Sensibiliser ce public sur les thématiques de prévention santé et de l’accès aux soins,
  • Garantir un parcours de santé qui se veut fluide, coordonné et qui leur permette d’être eux-mêmes acteur de leur santé, soutenir l’équipe d’accompagnants de ces salariés en parcours dans le cadre de l’exercice de leurs missions.

En tant que chargée de projet, ma mission principale repose sur la création et le développement d’un réseau de partenaires intervenant sur la prévention et l’accès aux soins. Ce réseau aura pour but premier de répondre aux problématiques de santé des salariés en parcours.
Les difficultés qu’ils rencontrent sont souvent complexes et lourdes et l’accompagnement à proposer se doit d’être pensé en adéquation avec leur histoire de vie. Devenir acteur de sa santé n’est pas chose aisée d’autant plus lorsque l’on se questionne déjà au quotidien sur comment l’on peut répondre à ses besoins dits « primaires ».
Pour développer ce projet, je souhaite coconstruire avec les acteurs du territoire un diagnostic à l’échelle de Grand Poitiers sur l’état de santé des salariés en parcours. Cette étape nous permettra de mieux déceler les problématiques rencontrées, de mettre en évidence l’impact des problèmes de santé sur le retour à l’emploi et de partir des besoins réels du territoire pour consolider et développer nos actions.
Par la suite, les besoins étant mieux identifiés, la constitution d’un réseau de partenaires sera plus simple à réalise

Un de tes grands objectifs va être de créer et de développer un réseau partenarial local autour de la prévention santé et du soin. Quel sera le but de ce réseau et de quels types d’acteurs sera-t-il composé ?

La constitution de ce réseau aura pour but d’accompagner au mieux les salariés en parcours dans leur parcours de soins et d’éviter toute forme de renoncement aux soins /de rupture. La constitution de ce réseau permettra aux salariés, comme à l’équipe accompagnante, de disposer d’une meilleure lisibilité des acteurs pouvant les accompagner face aux problématiques rencontrées.
Le diagnostic de territoire qui va se réaliser sur les prochains mois nous permettra de clarifier les types d’acteurs pouvant composer ce réseau. Les problématiques de santé rencontrées par ces salariés étant variées et complexes, il sera indispensable que ce réseau soit composé d’acteurs aux formes et actions diverses pour garantir un accompagnement adapté à tous !

Pourquoi la prévention santé est-elle importante pour chacun d’entre nous, mais encore plus pour les salariés en insertion ?

Être à l’écoute de son corps, de ses émotions…peut s’avérer difficile ! En effet, se questionner sur sa santé et réfléchir à ce qui est bon pour la maintenir n’est pas toujours simple car cela suppose de se recentrer sur soi et, parfois, de revoir son schéma de pensées et ses habitudes de vie que l’on pensait bonnes pour nous au départ.
Cependant, si nous tenons compte des alertes émises par notre corps (fatigue, perturbation du sommeil, alimentation modifiée…), nous faisons un pas en avant pour agir sur notre santé et nous permettons d’éviter toute aggravation avec le temps. La seule personne avec laquelle nous devons vivre réellement 24h/24 c’est nous-même. Alors, autant faire en sorte que cela se passe du mieux possible. Nous avons seul le pouvoir de connaître ce qui est bon pour nous.
Nous voyons que la question du « Prendre soin de sa santé » se démocratise, notamment en lien avec le contexte sanitaire que nous rencontrons depuis plusieurs années. Ce dernier nous pousse à nous questionner sur notre bien-être physique et psychologique.


Pour les salariés en parcours, cette démarche peut s’avérer plus complexe…En effet, nous ne faisons pas le choix de réaliser un parcours professionnel dans une SIAE par hasard ! Les salariés qui y sont présents ont souvent dû faire face à une histoire de vie et/ou à des expériences professionnelles difficiles dans le passé qui ont impacté leur santé. Dans certains cas, la précarité financière vient s’ajouter à leur situation initiale, ce qui engendre des formes de renoncement aux soins. Comment s’intéresser à sa santé lorsque la grande partie de nos préoccupations est de savoir comment finir ses fins de mois ?
Le parcours proposé dans la SIAE a certes pour but de favoriser le retour à l’emploi mais permet aussi aux salariés de se reconstruire, de se recentrer sur soi.
La mission santé-emploi de Capée représente dans ce cadre un véritable « support » pour le salarié qui peut, par ce biais, faire le choix de s’intéresser à ces sujets, de se sensibiliser sur diverses thématiques de santé, d’apprendre à s’écouter…
Prendre du temps pour soi peut être culpabilisant pour certaines personnes alors qu’en réalité il est nécessaire pour tous. De ce fait, proposer des temps spécifiques dédiés à la prévention santé directement dans la structure d’insertion peut donner une forme de « permission » imagée à ces personnes qui se sont souvent trop longtemps oubliées …

Quel regard portes-tu sur les inégalités en matière de santé ? En quoi ta mission permettra-elle de réduire ces inégalités pour les salariés ?

Les inégalités en matière de santé sont malheureusement bien présentes dans notre société. Plusieurs sources d’inégalités existent autour de la question du genre, de l’âge, du handicap, de la situation financière…
Cependant, j’aime l’idée de penser qu’il n’y a pas de fatalité et que même s’il n’est pas facile de mettre fin à ces inégalités il est toujours possible de les réduire. Ça me fait d’ailleurs penser à une citation qui reflète bien ma vision à ce sujet (à vous de trouver la série dans laquelle elle est présentée (rires)) : « Parfois, la vie se résume à prendre les citrons les plus amers et à en faire quelque chose qui ressemble à de la limonade ».
La mission santé-emploi tend à contribuer, à son échelle, à la réduction des inégalités de santé auprès des salariés en parcours. Pour aller vers cette diminution, plusieurs axes sont priorisés :

  1. Prendre en compte les besoins réels des salariés : leur implication, leur confiance donnée à la mission…nous sont indispensables pour répondre au mieux à leurs difficultés de santé. Les ateliers collectifs de sensibilisation, les accompagnements proposés et les relais vers les professionnels de santé compétents ne peuvent se construire que si l’on tient compte de leurs besoins, idées. Partir des réalités du terrain c’est s’assurer de faire émerger des projets porteurs de sens. Dans la démarche que nous poursuivons, le salarié est véritablement acteur de sa santé.
  2. Garantir une articulation entre les différents acteurs du territoire (santé, social, emploi…) : échanger sur nos pratiques, nos actions, nos projets respectifs ne peut qu’être bénéfique pour améliorer le parcours de soins et de vie des salariés en parcours. Ces liens nous permettrons progressivement de développer un réseau de professionnel de la prévention et de l’accès aux soins garant d’une meilleure lisibilité de l’offre de santé existante.
  3. Porter à la connaissance de tous l’importance de développer des réflexions communes mêlant santé et emploi : au travers de cet axe, nous avons pour objectif de démontrer en quoi les problèmes de santé peuvent impacter le retour à l’emploi durable et de sensibiliser largement sur l’importance d’agir sur la prévention santé dans le champ de l’IAE.

Ta mission est pleine de sens et d’engagement… Qu’est-ce qui t’anime au quotidien dans ce projet ?

Si je devais le résumer en une phrase, je dirais que c’est le fait de pouvoir répondre à mon échelle aux besoins fondamentaux de l’être humain en y réfléchissant avec de l’Humain.
Bien que l’on soit défini comme des êtres complexes aux avis souvent divergeant, j’ai bon espoir que l’on puisse un jour tous s’entendre sur ces questions touchant de l’ordre du droit fondamental.

Plus d’informations : Florie Gauthier – 07 45 04 39 04 – f.gauthier@capee.fr

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