Upcycling et solidarité : la collaboration inspirante entre Charlotte Beaujour Trocmé et l’atelier couture de Pourquoi Pas La Ruche

6 août 2024 | Le Blog

Charlotte Beaujour Trocmé, installée à Poitiers depuis une vingtaine d’années, a lancé Studio UP : une marque de créations textiles upcyclées confectionnées par des salariés en parcours d’insertion. Rencontre avec cette créatrice passionnée et engagée.

Charlotte, vous êtes designer textile, formée à l’école nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art à Paris… D’où vous vient cette passion pour la création et le textile ?

Ce n’est pas une passion récente ! Je pense que depuis que je suis enfant, j’évolue dans un environnement familial qui m’a sensibilisée à la décoration, à l’esthétique, à l’harmonie des couleurs et des matières… Je me souviens particulièrement de la maison de mes grands-parents située dans le Gard, où chaque pièce était décorée avec soin et souci du détail. Ma grand-mère et mon grand-père chinaient beaucoup et rénovaient tout eux-mêmes. Que ce soit pour un meuble ou une tapisserie, ils s’attachaient toujours à les restaurer dans le respect de leur histoire et de leur époque.

Quant à ma mère, elle est artiste peintre. Elle aussi m’a transmis un certain goût pour l’art, la création et la couleur. Durant mes études à Paris, je me suis très rapidement orientée vers l’option textile. Ce qui me plaisait, c’était pouvoir manipuler les matières, créer, inventer, jouer avec les couleurs… Et ce sont encore les mêmes choses qui me passionnent et m’animent aujourd’hui dans mon travail.

Comment est né Studio Up ?

Après mes études et avant de lancer ma propre marque, j’ai eu des expériences professionnelles assez variées. J’ai travaillé par exemple dans des bureaux de style spécialisés dans le domaine de la maison, à mon compte en tant que décoratrice d’intérieur, dans le domaine du design textile pour la marque « Petite fleur de Mumbai » ou encore dans le décor de vitrines pour la maison Rannou Métivier.

Mais ma plus grande passion reste le textile. C’est donc assez naturellement que j’ai cherché à développer une activité dans ce domaine. J’ai fait de nombreuses recherches sur les studios d’upcycling textile et je me suis rendue compte qu’il en émergeait depuis quelques années dans toute la France.

J’ai vu un potentiel énorme entre les gisements textiles qu’on trouve partout et le savoir-faire des ateliers couture locaux.

La marque Studio Up que j’ai développée propose différents produits qui vont du tablier japonais au sac cabas, en passant par les sacs bananes ou encore du linge d’office pour la cuisine.

Tous ces produits sont confectionnés à partir de tissus que je chine ou qu’on me donne et sont réalisés par une équipe de salariés en parcours d’insertion.

Studio UP, c’est une marque engagée, locale, éthique, éco-responsable et solidaire !

À terme, l’objectif de mon projet est qu’il puisse être internalisé au sein d’une structure associative dans le secteur textile. Cette solution permettrait, entre autres, de valoriser davantage de déchets textiles, de créer de l’emploi et de sensibiliser encore plus le public sur le réemploi et la réduction des déchets. Je suis actuellement en cours de démarchage et en contact avec plusieurs associations du territoire pour développer cette idée.

Vous parlez d’upcycling textile… Mais de quoi s’agit-il concrètement ?

L’upcycling, c’est un terme anglophone, qu’on pourrait traduire par « recycler vers le haut ». En fait, l’upcycling va être utilisé dans le but de transformer de nouveaux textiles, objets, accessoires ou vêtements, à partir d’anciens. On ne détruit pas le textile contrairement au recyclage classique. Dans l’upcycling, on réutilise et on travaille directement à partir du textile chiné ou récupéré.

Dans le design textile classique, on va d’abord créer et imaginer un vêtement puis on va chercher la matière nécessaire pour sa réalisation. En upcycling, c’est l’inverse ! On développe des produits à partir des matières récupérées avec toutes leurs caractéristiques.

Aujourd’hui, produire du neuf me semble aberrant. On sait que l’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde. L’upcycling est une méthode responsable et éthique : elle n’engendre ni surproduction vestimentaire, ni gaspillage textile.

Votre première collaboration avec une structure d’insertion remonte à 2021 avec l’Association Régie Urbaine (ARU) à Angoulême. Ce partenariat a-t-il été un déclic pour vous ?

Cette association a un gros atelier de confection textile éco-responsable. J’ai été missionnée pour aider l’équipe à faire évoluer un de leurs produits : les protections périodiques féminines. On a travaillé pendant plusieurs mois avec les salariés en parcours d’insertion, les encadrants techniques mais aussi les habitantes du quartier qui « testaient » nos prototypes. C’est d’ailleurs grâce à leurs retours d’expérience qu’on a réussi à obtenir un résultat techniquement au point et esthétique !

À travers cette expérience, j’ai découvert tout le potentiel que pouvaient avoir les ateliers couture des structures d’insertion.

Aujourd’hui, les produits de votre marque Studio Up sont confectionnés par l’atelier de couture de l’association Pourquoi Pas La Ruche à Poitiers. Pourquoi avez-vous choisi de travailler une nouvelle fois avec des salariés en structure d’insertion ?

Alors le début de la collaboration a eu lieu en 2023, dans le cadre du Festival de la mode responsable à Poitiers. On m’avait contactée pour animer des ateliers d’upcycling mais aussi pour présenter certaines de mes créations. C’était une grande première pour moi mais j’ai relevé le défi avec enthousiasme ! J’avais un peu moins de 6 mois pour développer des produits… Je me suis donc rapprochée de l’atelier de couture de Pourquoi Pas La Ruche, que j’avais déjà rencontré auparavant. On a donc commencé à travailler comme ça, avec deux produits seulement. Après cet événement, j’ai eu d’autres commandes et on a poursuivi la collaboration.

L’atelier de couture de Pourquoi Pas La Ruche est un atelier qui fonctionne bien. L’équipe a l’habitude de travailler avec des tissus de réemploi, elle comprend ma démarche et elle sait s’adapter.

Et comme je l’ai dit précédemment, j’ai rapidement vu l’énorme potentiel qu’il y avait à travailler avec des structures d’insertion. J’aime ces collaborations. Les salariés que je rencontre apportent leur valeur ajoutée, avec des techniques qui viennent de leur pays d’origine, de leur famille… Ils apportent leur savoir-faire, leur goût, leur vision.

Moi j’imagine le produit mais ce sont les salariés qui le réalisent. Les compétences de chacun sont importantes. Le partage et les échanges sont très riches. C’est une très belle collaboration.





https://www.instagram.com/studio._.up/

charlottebeaujour@gmail.com | 06 64 95 34 06

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