Halima Guedouar : Médiatrice culinaire

10 juin 2020 | Le Blog

 Halima a toujours accordé une place centrale à la cuisine et aux valeurs d’identité et de partage qu’elle porte. D’abord médiatrice culturelle, elle imagine aujourd’hui un nouveau métier, mêlant subtilement les 2 principaux ingrédients qui font la saveur de sa vie.

Originaire de Lille, Halima a vécu son enfance et son adolescence à Lyon avant de décrocher son premier emploi à Paris, à la Cité des Sciences. Son poste d’animatrice culturelle sur une exposition itinérante lui fait parcourir la France pendant 5 ans, dont Poitiers. Elle y rencontre le père de son fils et occupe alors un poste de médiatrice culturelle dans les établissements scolaires pour le compte de la Région. Pendant près de 15 ans, elle apprécie la dynamique des acteurs et des projets mais les changements induits par la réforme territoriale de 2016 l’amènent à choisir une nouvelle voie. « Je souhaitais développer une activité autour de la cuisine. La DRH du site de Poitiers du Conseil Régional m’a remarquablement accompagnée dans mon projet ».

La cuisine, identité et partage

Le premier objectif poursuivi par Halima est d’éduquer et sensibiliser au bien manger en privilégiant les circuits courts, l’agriculture raisonnée ou bio, la diminution des protéines animales… Pour Halima, d’origine algérienne, la cuisine est symbole d’hospitalité. « On régale ses invités, on les dorlote, on les gâte… ». Et pour la première fois elle envisage le fait d’être issue d’une minorité comme une chance. « C’est une vraie richesse d’appartenir à deux cultures. C’est un héritage commun à porter. »  Ainsi elle s’oriente vers des plats à la frontière des traditions culinaires des deux pays. « Pendant deux mois j’ai organisé des repas privés au cours desquels je revisitais des plats, dont beaucoup de couscous végétariens en circuit court et bio ». Envisagée ainsi en « liant », « la cuisine permet de se connaître et de se reconnaître ». Plus encore, « la cuisine doit être prétexte à la rencontre collective, constituer un lien qui permet de lutter contre les préjugés. » Une infinité de recettes sont alors possibles et Halima fourmille de créativité.

Imaginer puis expérimenter

Elle imagine un lieu de restauration qui propose aussi un service traiteur, animé par différents publics (mixité sociale) dont l’impact territorial des différentes actions serait mesuré. Elle souhaite expérimenter ses nombreuses

idées en les confrontant aux réalités de terrain afin de les affiner.

 

  • Un Festival cuisine à Poitiers. Des équipes de cuisiniers mixtes : un restaurateur poitevin, un réfugié migrant ou public sensible, un citoyen volontaire… s’uniraient autour de la confection de plats. Une rencontre qui permettrait à la fois de faire évoluer le regard sur certaines populations et favoriserait l’émergence d’un sentiment d’utilité sociale. Ce plat serait ensuite vendu à prix libre dans le cadre d’une soirée festive.

     

  • Animer des ateliers culinaires collaboratifs en lien avec des publics sensibles pour valoriser des talents, favoriser la confiance en soi, découvrir des cultures, s’ouvrir à la diversité…

     

  • Développer une collaboration entre un paysan pastier (culture de blé dur) et des femmes de quartier pour produire un couscous local et bio : pratique traditionnelle, alliance de savoir-faire, transmission et pérennisation et pourquoi pas « participer au championnat du monde de couscous qui a lieu en Italie une fois par an ».

Autant d’applications de la cuisine comme vecteur de lien et de médiation.

CAPÉE pour avancer

CAPÉE a accompagné Halima dans ce projet riche et évolutif dès sa genèse, alors même qu’elle était encore employée par la Région. Elle considère la relation avec CAPÉE comme « bien plus qu’un accompagnement. Verbaliser les choses aide à comprendre et analyser. L’écoute de CAPÉE est précieuse, le soutien moral essentiel et l’orientation et les mises en relation efficaces. J’avais besoin de ce rendez-vous pour être dans les actes. Le fond et la vision du projet m’apparaissent de plus en plus clairement ». Accompagnée par CAPÉE et en lien avec d’autres partenaires associatifs et institutionnels potentiels comme la Ville, Audacia, des maisons de quartiers, France Active, Halima cherche maintenant à préciser la forme que prendra son projet baptisé Graine Moderne  : « un lieu, une maison, une structure, une coordination » afin de sublimer chacun des ingrédients et les recettes originales.

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